Expérimenter les collaborations publics-privés pour les innovations de rupture

Conférence Innovation
le  5 novembre 2018Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Mireille MATT, directrice de recherche à l'INRA et Bruno Ragué, directeur adjoint IRT Nanoelec
Mireille MATT, directrice de recherche à l'INRA et Bruno Ragué, directeur adjoint IRT Nanoelec
L’environnement de Grenoble est très fertile pour la relation recherche-industrie : ce fait est reconnu par des résultats de coopération public-privé mesurables et de bon classements internationaux sur ce sujet. Bruno Ragué et Mireille Matt sont venus le 15 octobre 2018 nous présenter l'Institut de Recherche Technologique (IRT) Nanoelec ainsi que l'étude d'impact socio-économique du programme.
La conférence en 6 minutes


Qu'est-ce qu'un Institut de Recherche Technologique ?

Un institut de recherche technologique (IRT) est un instrument mis en place par l’Etat dans le cadre des "programmes d’investissements d’avenir". Huit IRT ont été créés sur le territoire français, tous, sur un domaine d’activité précis. L’IRT Nanoelec de Grenoble se concentre sur la recherche nano-électronique.

L’originalité de ce concept est la collaboration entre le public (instituts de recherche et formation) et le privé (les entreprises partenaires). Les IRT organisent et pilotent des activités de recherche technologique orientées marché répondant aux besoins des entreprises. Ils renforcent l’écosystème local d’innovation ainsi que le triangle formation-recherche-innovation sur quelques domaines français d’excellence.

L'IRT Nanoelec

L’IRT Nanoelec a été mis en place en 2012 pour au moins 7 années d’activité, avec un budget global de 400 M€. Ce partenariat public-privé réunit nombre de leaders implantés localement comme le CEA-Leti, l’UGA, l’INRIA, le CNRS, l’INP, GEM coté public, ST Microélectronic, Schneider Electric, Mentor Graphics coté privé.

Objectifs de l'IRT Nanoelec

Ses trois missions principales sont d’agir sur la formation, le développement et la diffusion de la technologie. Concrètement, ces missions s’appliquent autour d'un partenariat renforcé entre le laboratoire et l'entreprise.
“[...]On rassemble les forces !” nous explique Bruno Ragué.

L’ambition de cet IRT est de faire travailler ensemble les organisations, à travers des rencontres ou formations régulières. Le groupe de projet Nanoelec a créé des maisons communes, favorisant ainsi les réunions de tous les partenaires. Les chercheurs, étudiants et ingénieurs se réunissent dans les laboratoires sur des plateaux techniques dans des dimensions projets (Intégration 3D, Photonique, technologie de liaison / Pulse). Dans chaque univers, au quotidien le capital humain coopère. C'est ce qui fait la différence dans le projet IRT Nanoelec : mettre la formation au cœur du système. Finalement, Bruno Ragué fait le constat que le multi partenariat fonctionne et notamment grâce la mutualisation des moyens rares et à la confiance entre les acteurs.
 

Evaluer l'impact socio-économique

L’initiative Nanoelec a donc été conçue comme une nouvelle forme d’organisation multi partenariale favorisant l’innovation en rupture. Et comme la gouvernance de Nanoelec a eu très tôt le souci d’évaluer l’impact socio-économique de son activité, nous disposons depuis 2017 d’un avis autorisé de chercheurs indépendants sur les apports et limites de ce nouvel outil qu’est l’IRT Nanoelec, sur la réalité de la production de produits nanoélectroniques en rupture par ses partenaires, sur l’intérêt d’associer des activités de recherche, de diffusion, de formation.

D’un point de vue quantitatif, trois entreprises créées, 108 brevets et 13 logiciels déposés, 272 publications et une participation effective à 16 projets européens depuis le début de la collaboration. Néanmoins, mesurer la création d’emploi durable s’avère complexe. De ce fait, depuis 2013, l’IRT Nanoelec a décidé de faire appel à des experts indépendants pour évaluer l’outil. L’étude ‘L’IRT Nanoelec, une nouvelle forme de partenariat public-privé en R&D’ réalisée dans le cadre du laboratoire GAEL de l’UGA apporte un éclairage intéressant sur les modes de collaboration constatés sur la période 2012-2016 au sein de Nanoelec.

L'étude

Une étude qualitative (confidentielle) a été menée pour caractériser les partenariats en R&D au sein de l’IRT NanoElec. 3 projets ont été étudiés par le biais de 21 interviews entre mars et septembre 2017 :
  • Intégration 3D : STM, CEA-Leti, Mentor Graphics, EVG et SET
  • Photonique sur Silicium: STM, CEA-Leti, Mentor Graphics, Samtec, CNRS
  • Pulse: Schneider Electric, Bouygues SA, Groupe Brunet, Inria, CEA-Leti, STM, UGA
L'incitation, la coordination, l'apprentissage et l'évolution ont été analysés. En synthèse, il en ressort que l’IRT Nanoelec est :
  • un cadre collaboratif semi-ouvert
  • un lieu d’interactions multilatérales en confiance
  • un outil de développement technologique de rupture
"Cette étude n'est pas terminée. Quand on travaille sur des cycles longs, il ne peut s'agir que de résultats partiels", nous met en garde Mireille Matt.

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Date de la conférence : 15 octobre 2018
Lieu : MSH Alpes

Article co-rédigé avec les étudiants du Master 2 Management de l'Innovation de Grenoble IAE.
 
Publié le  5 novembre 2018
Mis à jour le  16 avril 2019