le 30 avril 2018Saint-Martin-d'Hères - Domaine universitaire
Nicolas Nova, chercheur, commissaire d'exposition et enseignant à la Haute École d'art et de design à Genève, a abordé la contribution du design et de l'art dans la réflexion prospective lors du Lundis de l'Innovation du 9 avril 2018.
Le travail de Nicola Nova, à la croisée des chemins entre ethnographie et design interactif, consiste en l’anticipation et en la spéculation sur des futures proches, à défaut de prédiction certaine. Contrairement à ce que son intitulé peut laisser supposer, la sphère d’action du design fiction peut très bien s’adresser à un problème rencontré ou donné dans un futur proche, auquel il apportera des propositions profondément ancrées dans le quotidien.
Ainsi Nicola Nova a abordé, lors de cette conférence, le rapport évident entre l’innovation et le design, puis la relation plus énigmatique entre l’innovation et la prospective.
Qu'est-ce que le Design fiction ?
Le Design fiction ou design spéculatif, ou encore design critique, est une pratique du design qui consiste à explorer les implications d'évolutions futures. Il peut s'agir de futur probable, possible, ou complètement spéculatif. Le principe est, en tout cas, pour le designer de ne pas limiter sa créativité à des solutions techniques disponibles ni à des problèmes sociaux actuels. La réelle problématique est donc de réussir à réinventer les imaginaires en ne restant pas enfermé dans le présent et en employant de nouvelles méthodes.
La récurrence dans les imaginaires technologiques
Il y a quelques années, Nicolas Nova s’est intéressé au phénomène de "récurrence" qui le fascinait. Il a commencé à analyser les flops technologiques et les échecs de produit et de service qui revenaient continuellement sur le marché comme le "frigo intelligent", "evernote", le web 3 D, le monorail. Il s’est donc logiquement interrogé sur la pertinence de ces retours récurrents.
L'effet d'attente
Finalement toutes ces "inventions technologiques" présentent dans les films de sciences fictions servent à nourrir un "effet d'attente" pour les clients. Ceci fait naître une "économie de la promesse" qui crée des horizons d’attentes et nourrit des tentatives de développement des nouvelles sciences et technologies. Pour exemple le film "Minority Report" de Spielberg a engendré une très forte attente concernant l’usage de technologique tactile pour remplacer claviers et souris. Cependant ces solutions technologiques n'existent toujours pas car il est encore difficile d’imaginer une solution clef en main qui réponde à toutes les fonctions attendues et qui fonctionne de façon fiable. Cette économie de la promesse est aussi énormément présente dans le domaine de la robotique, où il est compliqué de mettre en place technologiquement les solutions imaginées. L'on peut donc se poser la question : où sont toutes ces technologies que l'on nous avait promis pour les années 2000 (voitures volantes, jetpack, overboard...) ?
Le présentisme
Ces projets qui viennent de la fiction, nous plongent vers une notion de progrès qui peut être représentée par une courbe exponentielle. C’est le mirage du futur antérieur. Notre manière d’anticiper demain est basée sur notre connaissance du futur passé. Cependant ces anticipations ou projections sont souvent anxiogènes (catastrophes climatiques, guerres) et cela nous empêchent d'aller vers un avenir serein. On assiste donc depuis plusieurs années à une envie de vivre au présent et à se focaliser sur le passé. Le design et l'art jouent alors un rôle majeur selon Nicolas Nova.
Design et art
Le fait de vouloir ouvrir les imaginaires par l’intermédiaire d’objets ou de formats différents afin de pouvoir les matérialiser est une culture historique. Certains ont fait le pari d’utiliser cette matérialisation afin de faire réfléchir plutôt que de faire construire (et surtout vendre). En essayant de contourner les contraintes classiques mais en gardant à l’esprit une forme de plausibilité, ils ont cherché des artefacts qui permettent de matérialiser le changement, de montrer les enjeux de certains domaines et de faire émerger des critiques. La collaboration entre ingénieur et designer a fait naître des prototypes physiques qui permettent de bousculer les habitudes liées au présent.
---------------------------- Date de la conférence : 9 avril 2018 Lieu : MSH Alpes
Publié le 30 avril 2018
Mis à jour le 1 octobre 2018
Nicolas Nova est professeur à la Haute-Ecole d'Art et de Design (HEAD – Genève) et co-fondateur du Near Future Laboratory, une agence de prospective et d’innovation. Auteur de « Beyond Design Ethnography » et « Futurs ? La panne des imaginaires technologiques », il enseigne l’ethnographie, les cultures numériques et la recherche en design. Il est titulaire d'un doctorat en interaction humain-machine de l'EPFL (Lausanne), a été chercheur invité à Art Center College of Design (Pasadena, California), il est également co-fondateur de Lift, conférence internationale sur l’innovation.
Vous êtesVous souhaitezValiderPartager le lienCopierCopiéFermer la fenêtre modalePartager l'URL de cette pageJe recommande cette page :Consultable à cette adresse :La page sera alors accessible depuis votre menu "Mes favoris".Arrêter la vidéoJouer la vidéoCouper le sonJouer le sonChat : Une question ?Chatbot Robo FabricaStatistiques de fréquentation MatomoX (anciennement Twitter)