Véronique Favre-Bonté, la créativité au service de l’apprentissage
Présentation
Innovation pédagogique
le 1 juin 2018
Professeure à l’IAE Savoie Mont-Blanc (IAE SMB), Véronique Favre-Bonté travaille à faire propager la créativité dans son établissement. Et ce chaudron chambérien déborde un peu partout dans l’université. Rencontre dans la forêt de
l’Université Savoie Mont-Blanc (USMB), à flanc de colline.
« En 4 ans, il y a eu une vingtaine de professeurs formés à la créativité sur les trois sites de l’université - Chambéry, le Bourget-du-Lac et Annecy », introduit Véronique Favre-Bonté, référente de Promising pour l’USMB. C’est elle qui a été moteur en 2012. J’ai tout de suite souhaité m’impliquer dans le projet, parce que j’étais très intéressée par l’innovation pédagogique», assure-t-elle.
La professeure — responsable de la licence professionnelle « Métiers du commerce international » et du master « Management de zones export » — dispose de plusieurs leviers pour faire diffuser la créativité dans ses cours et en dehors. Empruntant les techniques fournies telles que le CPS (creative problem solving) ou design thinking, elle s’emploie à introduire de la créativité dans ses enseignements, ses recherches, son IAE, en un mot : sa vie ! Enseignante-chercheuse, Véronique Favre-Bonté soutient aussi les doctorants, qui ont attrapé ce virus créatif.
Même les cours magistraux (CM) en amphithéâtre n’y échappent pas. En effet, elle préfère proposer à ses élèves de « regarder » le cours, en vidéo, bien tranquilles chez eux, afin de laisser plus de place à l’interaction. « Plutôt que de redire inlassablement le même cours, j’essaye de mettre en scène les connaissances par le biais d’exemples et de questionner l’actualité », explique Véronique Favre-Bonté. « Ainsi, nous essayons de co-construire ou revisiter les concepts afin de les rendre plus « assimilables ». L’idée est de donner la parole aux étudiants pour s’assurer de la bonne « digestion » des principaux enseignements et de laisser aussi une chance aux plus timides de s’exprimer ».
La dynamique des TD (travaux dirigés) est proche des CM. Véronique Favre-Bonté passe par des illustrations, « mises en scène » et s’intéresse aussi au “faire” : « Je distille dans mes interventions de petites innovations pédagogiques ; elles sont quelques fois discrètes mais l’idée ce n’est pas de les mettre en avant, c’est surtout de les mettre « au service de l’enseignement », livre-t-elle. En tout cas, Véronique souhaite rester autant qu’elle le peut à la pointe et veut être au plus proche des attentes des nouvelles générations d’étudiants. « J’ai remarqué que depuis 2000, mes élèves ont changé. Certaines choses sont acceptées plus facilement, quand d’autres non. Ce n’est pas une question de déficit d’attention, mais il faut réussir à les captiver différemment », assure-t-elle, dans un grand sourire. Et justement, ce sourire a un rôle primordial : « Il faut instaurer un climat de confiance, de bienveillance et aussi un climat agréable et favorable à l’apprentissage. Et comme j’ai besoin de trouver du plaisir dans mon travail, j’essaie de leur transmettre ce plaisir d’apprendre et de créer un climat motivationnel ». Elle poursuit : « C’est lorsque vous êtes en confiance que la discussion peut alors commencer. L’étudiant se sent alors à l’aise pour exprimer un désaccord et c’est là que c’est intéressant car il apprend à argumenter son point de vue. J’essaie de les inciter à faire des analogies, des ponts entre blocs théoriques. Même si nous sommes dans un cours de stratégie internationale, on peut faire référence à d’autres cours, ils peuvent me challenger, compléter avec des choses lues, entendues, vues sur le net, etc. : je n’ai pas la science infuse… »
Toujours en quête d’amélioration, la professeure essaie d’avoir du feedback sur ses interventions : « Chaque nouvelle année, je me réinterroge sur le contenu et la forme, et dans l’ensemble, pour l’instant, les retours sont plutôt positifs ; cela m’incite à poursuivre ! », se rassure-t-elle.
Arrivée en 2000 à Chambéry, Véronique Favre-Bonté forme depuis près de 20 ans des managers, «qui travaillent la plupart du temps comme responsable de zones export en France et à l’international. Ils sont en charge d’une ou plusieurs régions ; ils développent de nouveaux marchés et s’occupent de clients internationaux. »
Pourtant, si l’IAE SMB accorde beaucoup d’importance à l’insertion professionnelle des jeunes, Véronique Favre-Bonté n’a pas pour autant renoncé à la théorie. « Un manager est celui qui prend du recul pour prendre des décisions stratégiques ou à forts enjeux tout en faisant face au quotidien. Or, comment faire pour prendre du recul sans base théorique ?» se questionne-t-elle. « La théorie est partout ; elle est développée par les chercheurs que nous sommes ; elle est à la base des outils utilisés en entreprise. »
De plus, elle l’analyse : la société évolue, comme les entreprises. « On voit de plus en plus d’entreprises libérées, de structures plates, de nouveaux business model. Il y a toujours un manager mais sa posture évolue ; il doit de plus en plus être à l’écoute de ses équipes. » Elle se questionne aussi sur l’avenir de ses étudiants : « ils veulent gagner leur vie certes, mais pas à n’importe quel prix ; ils ne veulent pas, à l’instar de leurs aînés, que le travail gangrène leur vie. Ils sont capables de beaucoup donner à l’entreprise, mais pas tout et pas tout le temps. » Ce changement de paradigme, Véronique en a conscience. Alors elle tente de suivre ce mouvement, et d’essaimer avec ses techniques créatives, pour préparer au mieux ses jeunes.
Au cours de cette école d’hiver de trois jours basée sur des méthodes de co-création innovantes, l’équipe de chercheurs dont elle fait partie a rassemblé des professionnels du tourisme, des acteurs du territoire, des chercheurs et des étudiants. L’équipe a décidé de casser tout le protocole habituel — cérémonie d’inauguration, conférences — pour aller à l’essentiel : le mélange créatif pour concevoir des services innovants, engager des démarches de mise en réseau des acteurs et contribuer ainsi à une dynamique de transformation de l’offre touristique. Ainsi, les étudiants sont venus avec leur bagage théorique et l’ont confronté aux professionnels qui travaillent sur site depuis plusieurs années, et qui viennent avec leur propre problématique. Afin de faire émerger des idées et une dynamique créatrice, la recherche et les techniques créatives sont au cœur de ces trois jours. « L’idée n’était pas d’aboutir à une offre innovante en deux jours, mais de travailler sur le cheminement. Lors des ateliers, nous avons pu expérimenter les étapes de différentes techniques de créativité », précise Véronique Favre-Bonté. Elle espère même que, « les professionnels se saisiront de ces techniques et les diffuseront auprès de leurs collaborateurs comme une nouvelle façon pour faire travailler leurs équipes. »
La professeure a en tout cas détecté un fort potentiel de créativité. « Nous recommencerons, ici ou ailleurs, sur un autre sujet l’an prochain », s’exclame-t-elle, enthousiaste. Essaimer. Toujours essaimer un peu plus de créativité.
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Article rédigé par Charles Vonnils
La professeure — responsable de la licence professionnelle « Métiers du commerce international » et du master « Management de zones export » — dispose de plusieurs leviers pour faire diffuser la créativité dans ses cours et en dehors. Empruntant les techniques fournies telles que le CPS (creative problem solving) ou design thinking, elle s’emploie à introduire de la créativité dans ses enseignements, ses recherches, son IAE, en un mot : sa vie ! Enseignante-chercheuse, Véronique Favre-Bonté soutient aussi les doctorants, qui ont attrapé ce virus créatif.
Même les cours magistraux (CM) en amphithéâtre n’y échappent pas. En effet, elle préfère proposer à ses élèves de « regarder » le cours, en vidéo, bien tranquilles chez eux, afin de laisser plus de place à l’interaction. « Plutôt que de redire inlassablement le même cours, j’essaye de mettre en scène les connaissances par le biais d’exemples et de questionner l’actualité », explique Véronique Favre-Bonté. « Ainsi, nous essayons de co-construire ou revisiter les concepts afin de les rendre plus « assimilables ». L’idée est de donner la parole aux étudiants pour s’assurer de la bonne « digestion » des principaux enseignements et de laisser aussi une chance aux plus timides de s’exprimer ».
Une vision des cours avant-gardiste
Je distille de petites innovations pédagogiques ; elles sont quelques fois discrètes mais l’idée n’est pas de les mettre en avant, c’est surtout de les mettre « au service de l’enseignement
La dynamique des TD (travaux dirigés) est proche des CM. Véronique Favre-Bonté passe par des illustrations, « mises en scène » et s’intéresse aussi au “faire” : « Je distille dans mes interventions de petites innovations pédagogiques ; elles sont quelques fois discrètes mais l’idée ce n’est pas de les mettre en avant, c’est surtout de les mettre « au service de l’enseignement », livre-t-elle. En tout cas, Véronique souhaite rester autant qu’elle le peut à la pointe et veut être au plus proche des attentes des nouvelles générations d’étudiants. « J’ai remarqué que depuis 2000, mes élèves ont changé. Certaines choses sont acceptées plus facilement, quand d’autres non. Ce n’est pas une question de déficit d’attention, mais il faut réussir à les captiver différemment », assure-t-elle, dans un grand sourire. Et justement, ce sourire a un rôle primordial : « Il faut instaurer un climat de confiance, de bienveillance et aussi un climat agréable et favorable à l’apprentissage. Et comme j’ai besoin de trouver du plaisir dans mon travail, j’essaie de leur transmettre ce plaisir d’apprendre et de créer un climat motivationnel ». Elle poursuit : « C’est lorsque vous êtes en confiance que la discussion peut alors commencer. L’étudiant se sent alors à l’aise pour exprimer un désaccord et c’est là que c’est intéressant car il apprend à argumenter son point de vue. J’essaie de les inciter à faire des analogies, des ponts entre blocs théoriques. Même si nous sommes dans un cours de stratégie internationale, on peut faire référence à d’autres cours, ils peuvent me challenger, compléter avec des choses lues, entendues, vues sur le net, etc. : je n’ai pas la science infuse… »
Toujours en quête d’amélioration, la professeure essaie d’avoir du feedback sur ses interventions : « Chaque nouvelle année, je me réinterroge sur le contenu et la forme, et dans l’ensemble, pour l’instant, les retours sont plutôt positifs ; cela m’incite à poursuivre ! », se rassure-t-elle.
Une professeure de management
Arrivée en 2000 à Chambéry, Véronique Favre-Bonté forme depuis près de 20 ans des managers, «qui travaillent la plupart du temps comme responsable de zones export en France et à l’international. Ils sont en charge d’une ou plusieurs régions ; ils développent de nouveaux marchés et s’occupent de clients internationaux. »
Pourtant, si l’IAE SMB accorde beaucoup d’importance à l’insertion professionnelle des jeunes, Véronique Favre-Bonté n’a pas pour autant renoncé à la théorie. « Un manager est celui qui prend du recul pour prendre des décisions stratégiques ou à forts enjeux tout en faisant face au quotidien. Or, comment faire pour prendre du recul sans base théorique ?» se questionne-t-elle. « La théorie est partout ; elle est développée par les chercheurs que nous sommes ; elle est à la base des outils utilisés en entreprise. »
De plus, elle l’analyse : la société évolue, comme les entreprises. « On voit de plus en plus d’entreprises libérées, de structures plates, de nouveaux business model. Il y a toujours un manager mais sa posture évolue ; il doit de plus en plus être à l’écoute de ses équipes. » Elle se questionne aussi sur l’avenir de ses étudiants : « ils veulent gagner leur vie certes, mais pas à n’importe quel prix ; ils ne veulent pas, à l’instar de leurs aînés, que le travail gangrène leur vie. Ils sont capables de beaucoup donner à l’entreprise, mais pas tout et pas tout le temps. » Ce changement de paradigme, Véronique en a conscience. Alors elle tente de suivre ce mouvement, et d’essaimer avec ses techniques créatives, pour préparer au mieux ses jeunes.
L’école d’hiver, un partage d’expériences pour innover
Au cours de cette école d’hiver de trois jours basée sur des méthodes de co-création innovantes, l’équipe de chercheurs dont elle fait partie a rassemblé des professionnels du tourisme, des acteurs du territoire, des chercheurs et des étudiants. L’équipe a décidé de casser tout le protocole habituel — cérémonie d’inauguration, conférences — pour aller à l’essentiel : le mélange créatif pour concevoir des services innovants, engager des démarches de mise en réseau des acteurs et contribuer ainsi à une dynamique de transformation de l’offre touristique. Ainsi, les étudiants sont venus avec leur bagage théorique et l’ont confronté aux professionnels qui travaillent sur site depuis plusieurs années, et qui viennent avec leur propre problématique. Afin de faire émerger des idées et une dynamique créatrice, la recherche et les techniques créatives sont au cœur de ces trois jours. « L’idée n’était pas d’aboutir à une offre innovante en deux jours, mais de travailler sur le cheminement. Lors des ateliers, nous avons pu expérimenter les étapes de différentes techniques de créativité », précise Véronique Favre-Bonté. Elle espère même que, « les professionnels se saisiront de ces techniques et les diffuseront auprès de leurs collaborateurs comme une nouvelle façon pour faire travailler leurs équipes. »
La professeure a en tout cas détecté un fort potentiel de créativité. « Nous recommencerons, ici ou ailleurs, sur un autre sujet l’an prochain », s’exclame-t-elle, enthousiaste. Essaimer. Toujours essaimer un peu plus de créativité.
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Article rédigé par Charles Vonnils
Publié le 31 mai 2018
Mis à jour le 6 juin 2018
Mis à jour le 6 juin 2018
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Véronique Favre-Bonté
IAE Savoie Mont-Blanc
veronique.favre-bonte@univ-smb.fr
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